Un espace de l'antropophonie : les paysages sonores de la Cité Descartes à Champs-sur-Marne
Un espace de l'antropophonie : les paysages sonores de la Cité Descartes à Champs-sur-Marne
Romane Belliri, Héloïse Chauvel, Emily Egan, Romane Huvelle
Le paysage n’est-il qu’une étendue physique que l’on embrasse à partir d’un point de vue ? Ce tropisme visuel est contredit par le fait que les humains se trouvent immergés dans un environnement fait aussi de sons, sensations, odeurs qui les assaillent et fondent leurs expériences spatiales. Ces éléments forment des caractéristiques propres des lieux parcourus, à la fois physiques et imaginaires, et se révèlent partie prenante de l’organisation des espaces. Ainsi les sons participent à forger notre rapport au monde et constituent des paysages en eux-mêmes. C’est dans ce sens que le compositeur et écologiste Murray Schafer a élaboré la notion de « soundscape » en 1977. Selon lui, les individus ont la capacité de percevoir un paysage sonore en faisant émerger des sons entendus une unité paysagère. Ce paysage sonore comprend à la fois un environnement physique (les sons ou vibrations de l’air se propageant sous formes d’ondes), et une perception et réception spécifique de celui-ci, notamment en termes d’esthétique (Geisler, 2013).
Le campus de la Cité Descartes située à Noisy-Champs parait relativement vert et arboré, que l’on pense aux bois environnant, aux grandes pelouses ou encore aux longées d’arbres. Ces espaces naturels, à l’instar du green central face au bâtiment Copernic calqué sur un modèle de campus étasunien, ont pu être conçus comme des lieux de détente, de tranquillité, en contrepoint d’un environnement plus minéral. Pourtant il apparaît que ceux-ci sont peu appropriés par les étudiants malgré leur potentiel apparent de ressourcement. Afin de saisir la façon dont les étudiants perçoivent les espaces naturels du campus, il importe donc de s’intéresser également à leurs ambiances sonores. Nous nous demanderons alors s’il existe une concordance entre visuel et auditif ou davantage une distorsion entre les différents types de paysages de la Cité Descartes, et enfin si cela explique la manière dont les étudiants appréhendent et s’approprient les espaces naturels du campus.
Notre approche s’inspire de l’écologie sonore du paysage proposée initialement par Murray Schafer dans The Tuning of the World (1977). Celle-ci cherche à étudier les relations que les humains entretiennent avec la dimension acoustique afin de comprendre les interactions existant entre les sociétés et leur environnement. Nous nous sommes donc attachées à saisir les réceptions et perceptions des sons afin de voir leur possible influence sur la pratique des espaces du campus, et caractériser les représentations desquelles ceux-ci s’accompagnent. Dans cette étude nous nous sommes centrées sur la catégorie centrale d’usagers du campus : les étudiants. En savoir plus.