Présentation du projet

L'essor du numérique porte ses mutations sociales profondes en matière de comportements individuels, de production de nouveaux services, de modalités de gouvernance et de participation citoyenne. Il produit, par ailleurs, une masse considérable de nouvelles données sur les modes de vie et le fonctionnement urbains, et ouvre la voie à de nouvelles méthodes d'enquête en Sciences pour l'Ingénieur et en Sciences Humaines et Sociales. Le numérique contribue ainsi au renouvellement des approches conceptuelles et empiriques de la ville dans les sciences sociales et les sciences pour l'ingénieur.

Contexte

Le groupe transversal travaille sur les relations entre ville et numérique partant d'un constat de l'importance croissante de la pénétration du numérique par la société urbaine de demain. Au-delà des thèmes très médiatiques (et encore flous) de big data et de smart city, ces recherches sont nécessaires pour mieux comprendre les enjeux associés à la  pénétration croissante du numérique dans les espaces urbains pour ses différents acteurs : individus, acteurs privés et puissance publique. A savoir, par exemple, la multiplication des capteurs dans la ville et à l'usage de technologies mobiles de production et de collecte de données, tant quantitatives que qualitatives, qui produisent une masse considérable de données qui transforment les pratiques individuelles (mobilité, consommation d'énergie d'eau, etc...), le fonctionnement et la gestion des réseaux urbains.

Cette disponibilité de données soulève de nouveaux enjeux en termes d'usages et de pratiques de la ville, et en termes de gestion urbaine : accès aux données, nouveaux services, nouveaux acteurs et nouveaux modes de vie, appropriation et détournement par les usagers des infrastructures et des services, inégalités socio-spatiales, impact environnemental, redistribution de l'expertise sur la ville et son fonctionnement (modélisation numérique versus modélisation statistique).

Les objectifs

Depuis 2017, le Groupe Transversal (GT) « Ville et Numérique » a eu pour ambition d’élargir les thématiques portées par l’ancien GT « Modélisation et Dynamiques urbaines » aux questions relatives aux transformations des modes de vie, des formes de gouvernance et des modalités de production de services et aménagements urbains liées à la diffusion des outils numériques et, en particulier, à la disponibilité de nouvelles données massives. Les domaines de l’eau, de l’énergie et de la mobilité sont particulièrement considérés.

Les activités du GT sont organisées autour des 3 thématiques suivantes :

la prolifération des données (leur qualité, leur accessibilité) et leurs usages ;

l'évolution des modes de vie urbains liés à l'usage croissant du numérique, en particulier les nouveaux services urbains ;

l'évolution des formes de gouvernement des villes, notamment des villes ayant recours aux nouveaux outils de modélisation ou aux nouveaux systèmes d'indicateurs (outils et systèmes à la fois consommateurs et générateurs de données).

Les principales avancées scientifiques

Les apports et limites des nouvelles données pour la recherche et les acteurs urbains

Ces réflexions ont été portées par plusieurs séminaires, la relecture d’un article d’ouvrage (« Urban Mobility and the Smartphone », chez Elsevier) co-écrit par plusieurs membres du GT, la co-organisation d’une école d’été sur les big data avec le LabeX Dynamite et enfin sur des travaux conduits par une doctorante du LEESU et un post-doctorat financé par le LabeX.

Le premier type de résultats rend compte du dilemme actuel entre quantité versus qualité des données pour l’analyse des pratiques des individus et celle des systèmes urbains.

Le deuxième résultat concerne l’intérêt de l’usage des nouvelles données d’une part pour dialoguer avec les usagers ou les habitants.

Le troisième type de résultats porte sur les pratiques de modélisation urbaine pour la conduite des politiques publiques et sur la façon dont les big data viennent transformer la recherche en modélisation.

Les transformations des pratiques professionnelles dans les services urbains et ses conséquences sur les inégalités socio-spatiales d’accès pour les usagers

Le premier type de résultats : A l’international et plus précisément en Chine, l’étude des modèles urbains sous-tendant l’éco-cité de Tianjin - conduite à l’époque du GT modélisation et dynamiques urbaines - s’est poursuivie par une analyse critique des modèles émergents de « transport intelligent ».

Le deuxième type de résultats : concerne les risques de dessaisissement des acteurs publics au profit d’acteurs privés qui disposent de nouvelles données et deviennent de nouveaux prescripteurs de pratiques pour les usagers (comme Waze dans le domaine de la régulation du trafic).

Le troisième type de résultats identifie la variété des formes de régulation mises en œuvre par les différents acteurs pour résoudre les conflits (négociations, partage de données, élaboration d’une nouvelle loi (cf. la future LOM), etc.).

Le quatrième type résultat est que la numérisation et la dématérialisation de nombreux services, publics ou commerciaux, est productrice d’ambiguïtés en termes d’accès pour les usagers.