Présentation du projet

Le groupe est transversal car il associe plusieurs laboratoires de recherche, mais aussi parce qu'il place l'interdisciplinarité au cœur de sa démarche scientifique. Les travaux interrogeant les relations entre production urbaine et marchés, que ces derniers désignent les processus sociaux, politiques et cognitifs de marchandisation (commodification) des ressources urbaines, les acteurs et les outils qui concourent à leurs échanges, ou plus classiquement, les mécanismes de coordination présidant à la fixation des prix, donnent à voir une importante diversité de méthodes et d'approches théoriques et conceptuelles. Prenant acte du potentiel heuristique d'une telle diversité scientifique, le groupe de travail a pour ambition de la mobiliser autour de controverses motrices dans notre compréhension du fait urbain contemporain. 

Arrangements publics-privés et production urbaine : un chantier à (ré)explorer

La multiplication et la diversification des relations entre public et privé nécessite d’identifier les logiques d’action individuelles et collectives des acteurs impliqués dans ces arrangements, tout en restant attentif à leurs trajectoires historiques. D’un côté, nous assistons à l’extension, voire la création de nouveaux marchés de ressources urbaines dans des secteurs aussi variés que les mobilités, le logement, les espaces et services publics mais également l’accès aux données numériques ou les aménités paysagères. D’un autre côté, un contexte de rigueur budgétaire et d’austérité s'accompagne de la raréfaction des investissements publics et de la mise en place de stratégies de valorisation du patrimoine et des ressources publiques de plus en plus entrepreneuriales.

Dans une démarche attentive aux formes matérielles, architecturales et urbanistiques, produites par la multiplicité et la diversité de ces arrangements public/privé, il importe de documenter leurs effets sur la production des formes urbaines. Pour cela, nous aborderons la question de l'élaboration et de la circulation d'éventuels modèles, les modalités de définition des orientations programmatiques des projets d’aménagement urbain et l'influence des acteurs privés sur cette programmation

Une démarche résolument interdisciplinaire, un double horizon empirique et théorique

Dans le souci de ne pas porter un regard théorique artificiellement unifié sur les rapports entre la diversité des logiques marchandes, et la production urbaine, nous souhaitons mettre au cœur de notre approche le dialogue théorique et épistémologique portant sur les modes de connaissance de ces rapports. Pour cela, notre collectif réunit des disciplines aussi diverses que l’analyse et l’histoire architecturale, l’urbanisme, l’économie, l’histoire, la géographie, la sociologie et la science politique. Loin de constituer un obstacle à la pratique scientifique, la diversité des corpus, des méthodes, des pratiques, des questionnements et des finalités qui peuvent différer entre chercheurs et équipes de recherche nous semblent constituer un terreau fertile dans lequel ancrer notre projet.

Notre groupe souhaite structurer ses réflexions et ses activités autour de quelques grandes controverses présentant des hypothèses alternatives sur les rapports entre marchés et production urbaine et sur leurs évolutions. Ces controverses, en nombre limité, vont constituer la colonne vertébrale méthodologique de notre groupe de travail. En interne, elles auront une fonction méthodologique forte, en constituant le fil conducteur de différents ateliers, recherches et journées d’études. Chaque activité viendra donc s'inscrire dans ces controverses et contribuera à y répondre à la fois sur le plan empirique et théorique. Par ailleurs, ces controverses auront une fonction de visibilité externe, rendant le GT et ses travaux clairement identifiables.