Les Jeux Olympiques de Paris (JOP) 2024 sont une forme d'évènementiel durant lequel habitants, touristes notamment sportifs (mais pas seulement) seront coprésents à Paris et plus généralement en Ile de France. Les JOP constituent ainsi un nouveau terrain dans le cadre du projet « Usages des lieux par les touristes et les habitants ». Ces JOP concernent en premier Paris mais aussi plus largement l’Ile de France. Ils sont ainsi susceptibles d’être un outil au service du développement dans des villes moyennes autour de Paris.
Un projet de coopération est par ailleurs en cours d’élaboration avec des partenaires japonais (Chuo University, EcoMO, Toyota). La recherche se propose de contribuer à l’identification des liens entre JOP, tourisme et héritage
Les JOP Tokyo qui devaient se dérouler en 2020 et sont reportés en 2021 en raison de la crise sanitaire liée au COVID-19, l’objectif serait de conduire avec des collègues japonais des enquêtes à Tokyo afin d’identifier les principales modifications des flux qui se produiront lors de ces JOP. Si Tokyo et Paris sont différentes en termes de superficie et d’habitants3, les enquêtes à Tokyo seraient susceptibles de fournir des informations sur la façon dont les JOP modifient les flux dans une ville. Tokyo semble en effet un cas très intéressant dans la mesure où comme Paris, la ville est une ville historique dotée de nombreuses aménités patrimoniales. Elle est également caractérisée par la présence de Tokyo Disney Resort localisé à 25 kms du centre de Tokyo et les flux sont susceptibles d’y être modifiés comme ce pourrait être le cas à Disneyland Paris. En 2021, ces enquêtes permettraient d’analyser la structure des touristes venus pour les JOP à Tokyo et de projeter la structure potentielle des touristes venus pour les JOP de Paris 2024. Enfin l’analyse des politiques publiques à Tokyo concernant la mobilité au moment des JOP ainsi que celles visant à favoriser les retombées en matière de tourisme pourraient être utiles pour Paris 2024.
D’autre part, la recherche se propose d’investir la façon dont les JOP ont contribué ou pourraient contribuer à la valorisation en termes d’infrastructures et/ou de patrimoines, à Paris. Autrement dit, quels sont les héritages des JOP ?
Dans ce domaine, le premier chantier consiste à réaliser une étude historique des effets de l’Olympisme sur la capitale, entendue au sens large. En effet, Paris a accueilli les Jeux à 2 reprises (1900 et 1924) et les accueillera en 2024 après plusieurs candidatures qui ont engagé les acteurs publics dans des opérations d’aménagement et de développement des infrastructures sportives notamment.
Le tourisme moderne s’est structuré à partir d’une différenciation nette des temps sociaux (temps de travail par rapport à temps de récréation), et des espaces (stations, centres urbains, parcs). Dans le cadre d’une mise en tourisme « généralisée », en tout temps et en tous lieux (Urry, 1990), du moins croissante, les manifestations contemporaines du tourisme révèle une porosité entre territoires touristiques et non touristiques. Outre la touristification accrue dans de nombreux périmètres centraux qui font face à des phénomènes de sur-tourisme, il y a un « front touristique », qui est aussiculturel et patrimonial » à l’œuvre dans des territoires qui jusqu’ici n’étaient peu ou pas touché par le tourisme. C’est le cas de nombreux territoires populaires, que ce soient des quartiers proches des centres (Belleville à Paris), des banlieues de premières couronnes (Saint-Denis, avec les prémices d’un tourisme de banlieue, mais aussi les Jeux Olympiques), des villes à l’industrie déclinante qui se touristifient rapidement (Douarnenez, Arles).
Ces mises en tourisme – sans être complètement nouvelles - s’opèrent généralement selon des logiques diverses, par le haut (les collectivités) qui y voient un levier de développement (socio)-économique, ou le bas (associations, collectifs habitants) qui défendent et valorisent des lieux ou des patrimoines méconnus ou invisibilisés. La gamme d’action est variée, de l’appui à des projets culturels et récréatifs à l’offre de chambres d’hôtes, de balades urbaines et d’expériences participatives. Mais les limites et les résistances à ces mises en tourisme en territoires inaccoutumés – soit au tourisme, soit aux nouvelles dynamiques touristiques(location par les plates-formes, gentrification…) et à son économie sont de plus en plus nombreuses. Des collectifs d’habitants « Droit à la ville » militent contre les tensions accrues sur le marché du logement, contre des équipements et des projets inadaptés à la population sur des territoires par ailleurs en proie à des difficultés socio-économiques importantes, et parfois stigmatisés dans les représentations sociales.
L’enjeu du regard porté sur ces territoires populaires est de compléter l’analyse des formes de mises en tourisme dans des territoires historiquement touristique (les stations et les espaces centraux des métropoles, Stock et Lucas, 2012). La focale est rarement placée sur des territoires populaires, notamment des villes petites et moyennes, et les résistances locales collectives.
Cet axe s’attachera à l’analyse de ces mises en tourisme en territoires populaires à travers le questionnement suivant : quelles sont leurs modalités ? Quels sont les objectifs politiques qui les sous-tendent ? Avec quels attendus culturels ou socio-économiques ? Et quelles sont formes de résistances observées : qui sont ces collectifs, relèvent-ils du champ militant classique, et comment opèrent-ils ? Cette connaissance des collectifs habitants se traduira par un séminaire de clôture avec ces collectifs, invités à restituer leurs actions et à échanger avec les travaux de chercheurs.
Trois terrains à la socio-démographie populaire sont envisagés, qui illustrent 3 échelles de territoires : une banlieue populaire en espace métropolitain (Saint-Denis), une ville moyenne en espace intermédiaire, à distance des métropoles marseillaise et montpelliéraine (Arles), une petite ville populaire périphérique (en Bretagne). Ces différents « terrains touristiques »seront examinés au prisme de leur capacité à faire « projets de territoires » (Fagnoni, 2015).