Groupe Transversal "Natures urbaines" - Séminaire "La mise en visibilité de la nature dans l'aménagement urbain. Questionnements autour de la mise en scène de la "ville durable"" - 28 septembre 2020 (en visio-conférence)

Le 28 septembre 2020

La mise en visibilité de la nature dans l’aménagement urbain est devenue un leitmotiv des pratiques et des réflexions sur la ville et l’urbanisme durables.

Cette scénarisation idéalisée s’incarne par exemple dans les solutions fondées sur la  nature  (« nature  based  solutions »),  développées  notamment  dans  le  champ  de  l’assainissement  pour  la  préservation des milieux récepteurs, ou encore dans l’utilisation de matériaux qui permettrait de recréer un « lien » avec  la  nature  et  de  lutter  contre  le  changement  climatique  (comme  par  exemple  le  bois).  Elle  se  concrétise  également  à  travers  la  production  de  services  écosystémiques.  Intégrer  des  matériaux  bio‐sourcés  dans  la construction des bâtiments, végétaliser les toits et les façades, mettre en œuvre des processus physiques, biologiques et  géo‐chimiques  dans  l’espace  urbain,  redécouvrir  des  rivières  disparues,  constituent  des  démarches  pensées  et  présentées comme autant de signaux de la ville durable, rendant possible une nouvelle alliance entre la ville et nature. Le  retour  de  la  nature  en  ville  via  ces  projets  et  processus  suscite  un  enthousiasme  certain  faisant  accroire  une  possible  compensation  à  l’imperméabilisation  des  sols  et  à  une  modalité  de  lutte  contre  l’appauvrissement  de  la biodiversité. Mais quel est le sens et l’étendue de cette durabilité ? Certains aspects de la soutenabilité des systèmes urbains  et  plus  largement  des  territoires  ne  sont‐ils  pas  occultés  dans  ces  nouveaux  récits  de  politique  publique  ?  Comment sont traitées les irréversibilités aux atteintes à l’environnement si caractéristiques de l’aménagement et du mode de vie urbain ? A quelles échelles doit‐on juger de la pertinence et de l’efficacité de ces solutions à la fois d’un point de vue social et environnemental.

Le  séminaire  aura  pour  but  de  réfléchir  à  la  manière  dont  la  relation  humains/non  humains  est  construite  dans  la  production de ces  « nouveaux »  artefacts urbains, ce  qu’elle  laisse  entrevoir  de  la manière  de considérer la  nature dans un milieu qui lui a longtemps été considéré comme hostile. Quelles représentations d’une nature « retravaillée » ces objets contribuent‐ils à faire exister dans l’espace urbain ? Il s’agira de questionner les relations que ce type de « ville durable » développe avec l’hinterland urbain (Brenner, 2015), particulièrement dans le cas de la mobilisation de matériaux considérés comme vertueux tel que le bois. 

De même, on s’interrogera sur les risques inhérents à ces solutions basées sur une imitation ou une « redécouverte » de  la  nature  qui  peuvent  être  présentées  comme  des  moyens  de  compensation  à  l’imperméabilisation  ou  d’adaptation  au  changement  climatique.  Les  compensations  écologiques  telles  qu’elles  existent  aujourd’hui  restent fondamentalement inefficaces à pallier les atteintes à la biodiversité et la perte nette d’aménités pour les riverain.e.s. d’un projet (Moreno‐Mateos, Maris, Béchet, Curran, 2015 ; Gobert, 2010). 

Les  sciences  humaines  et  sociales  (SHS)  contribuent‐elles  à  cette  illusion  ou  au  contraire  parviennent‐elles  à  la  démystifier ? L’interdisciplinarité n’entraîne‐t‐elle pas les SHS à perdre leur singularité critique en ne réinterrogeant pas l’essence même des NBS ?

Le séminaire sera animé par Julie Gobert et José-Frédéric Deroubaix (chercheur.e.s au LEESU)

Date et horaire : Lundi 28 septembre 2020 - 9 h 30 | 12 h 30

Compte-tenu de la situation sanitaire, le séminaire sera retransmis via un système de visio-conférence.

Lien pour se connecter à la visioconférence :

Sujet : GT Natures en ville
Heure : 28 sept. 2020 08:45 AM Paris
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https://us02web.zoom.us/j/88179949749