Cette scénarisation idéalisée s’incarne par exemple dans les solutions fondées sur la nature (« nature based solutions »), développées notamment dans le champ de l’assainissement pour la préservation des milieux récepteurs, ou encore dans l’utilisation de matériaux qui permettrait de recréer un « lien » avec la nature et de lutter contre le changement climatique (comme par exemple le bois). Elle se concrétise également à travers la production de services écosystémiques. Intégrer des matériaux bio‐sourcés dans la construction des bâtiments, végétaliser les toits et les façades, mettre en œuvre des processus physiques, biologiques et géo‐chimiques dans l’espace urbain, redécouvrir des rivières disparues, constituent des démarches pensées et présentées comme autant de signaux de la ville durable, rendant possible une nouvelle alliance entre la ville et nature. Le retour de la nature en ville via ces projets et processus suscite un enthousiasme certain faisant accroire une possible compensation à l’imperméabilisation des sols et à une modalité de lutte contre l’appauvrissement de la biodiversité. Mais quel est le sens et l’étendue de cette durabilité ? Certains aspects de la soutenabilité des systèmes urbains et plus largement des territoires ne sont‐ils pas occultés dans ces nouveaux récits de politique publique ? Comment sont traitées les irréversibilités aux atteintes à l’environnement si caractéristiques de l’aménagement et du mode de vie urbain ? A quelles échelles doit‐on juger de la pertinence et de l’efficacité de ces solutions à la fois d’un point de vue social et environnemental.
Le séminaire aura pour but de réfléchir à la manière dont la relation humains/non humains est construite dans la production de ces « nouveaux » artefacts urbains, ce qu’elle laisse entrevoir de la manière de considérer la nature dans un milieu qui lui a longtemps été considéré comme hostile. Quelles représentations d’une nature « retravaillée » ces objets contribuent‐ils à faire exister dans l’espace urbain ? Il s’agira de questionner les relations que ce type de « ville durable » développe avec l’hinterland urbain (Brenner, 2015), particulièrement dans le cas de la mobilisation de matériaux considérés comme vertueux tel que le bois.
De même, on s’interrogera sur les risques inhérents à ces solutions basées sur une imitation ou une « redécouverte » de la nature qui peuvent être présentées comme des moyens de compensation à l’imperméabilisation ou d’adaptation au changement climatique. Les compensations écologiques telles qu’elles existent aujourd’hui restent fondamentalement inefficaces à pallier les atteintes à la biodiversité et la perte nette d’aménités pour les riverain.e.s. d’un projet (Moreno‐Mateos, Maris, Béchet, Curran, 2015 ; Gobert, 2010).
Les sciences humaines et sociales (SHS) contribuent‐elles à cette illusion ou au contraire parviennent‐elles à la démystifier ? L’interdisciplinarité n’entraîne‐t‐elle pas les SHS à perdre leur singularité critique en ne réinterrogeant pas l’essence même des NBS ?
Le séminaire sera animé par Julie Gobert et José-Frédéric Deroubaix (chercheur.e.s au LEESU)
Date et horaire : Lundi 28 septembre 2020 - 9 h 30 | 12 h 30
Compte-tenu de la situation sanitaire, le séminaire sera retransmis via un système de visio-conférence.
Lien pour se connecter à la visioconférence :
Sujet : GT Natures en ville
Heure : 28 sept. 2020 08:45 AM Paris
Participer à la réunion Zoom
https://us02web.zoom.us/j/88179949749