Les dimensions matérielles et infrastructurelles du changement urbain

Le LABEX Futurs Urbains prévoit d'approfondir l'analyse des dimensions matérielles et infrastructurelles de la dynamique de métropolitisation. Cette approche complète une tradition de recherche déjà bien établie et fortement appuyée sur d'autres sites, sur les liens entre économie et organisation spatiale des sociétés. Intégrer les dimensions matérielles (l'environnement bâti et sa production) et les dimensions infrastructurelles (avec une attention particulière et critique aux effets de la «révolution numérique» sur ces infrastructures) dans l'étude des formes contemporaines d'urbanisation et d'organisation des sociétés urbaines, constitue une perspective à la fois insuffisamment étudiée et essentielle à la compréhension des défis actuels de l'érudition urbaine et de l'action urbaine.

Les activités du Labex sur ce thème visent à clarifier les liens entre les processus sociopolitiques et les formes matérielles et infrastructurelles urbaines, en mettant l'accent sur trois aspects principaux :

  • Genèse, production et gestion des environnements bâtis. Toutes les installations urbaines, même les plus ordinaires, reflètent et révèlent dans leurs méthodes de production les intérêts et les relations de pouvoir à l'œuvre dans leur conception. L'objectif est de comprendre les liens entre les systèmes d'action collective et les formes urbaines (dense | diffus, vertical | horizontal, fonctionnellement ou socialement mixte | ségrégué…) à toutes les échelles (bâtiment, bloc, quartier, agglomération). Les «produits» (bâtiments, plans, infrastructures) associés à la financiarisation de la production urbaine prennent-ils des formes spécifiques ? Les nouveaux accords entre acteurs publics et privés de la production urbaine privilégient-ils des «objets» urbains spécifiques ?

  • Reconfigurations infrastructurelles. Les changements d'infrastructure contemporains combinent le renforcement de certains types de grands réseaux d'infrastructures, le développement de systèmes «décentralisés» et un processus généralisé de numérisation en cours dans la gestion et l'utilisation des infrastructures et des terminaux et services associés. Ces évolutions affectent les pratiques des citadins, l'accessibilité et la qualité de service, la répartition des bénéfices générés par les équipements partagés, les formes de territorialisation des politiques et les modalités d'appropriation des mutations sociotechniques. Quels sont les formes, les défis et les effets de la dynamique en jeu ? Quels sont les projets, stratégies et intérêts qui les sous-tendent ? Quels principes, outils et processus de régulation collective peuvent être envisagés ?

  • Matérialité des espaces urbains et des pratiques urbaines. Le Labex cherche à apporter une contribution originale à la recherche et aux débats sur la dimension spatiale des relations sociales, autour des questions de diversité et de sélection des populations, de qualité et d'attractivité spatiale, de ségrégation et d'inégalités. Une attention particulière est accordée à la manière dont les relations de genre dans l'espace public sont modelées par les configurations matérielles de ces espaces, et comment ces relations de genre, en retour, affectent la conception des espaces publics ; relations sociales dans la ville «post-migrant» ; les conséquences de la généralisation des technologies numériques mobiles sur l'utilisation des espaces urbanisés et, surtout, l'impact de ces pratiques «augmentées» sur la conception et la gestion urbaine ; les enjeux infrastructurels, matériels, sanitaires et sociaux liés aux politiques publiques visant à promouvoir la marche en ville et l'évolution des mobilités urbaines.